« Mon travail
ne tombera jamais dans la routine »

Pour Noushin Shabab,
chercheuse en sécurité chez Kaspersky, diversité est synonyme de productivité

Noushin Shabab, chercheuse en sécurité senior, est une des plus grandes expertes en cybersécurité de Kaspersky.

Elle vit en Australie et est membre de la Global Research & Analysis Team (GReAT), une équipe d’élite composée de plus de 40 experts en sécurité.  L’équipe est réputée pour la découverte et la dissection de menaces parmi les plus sophistiquées au monde, dont des outils de cyber-espionnage et de cyber-sabotage. Nous avons parlé avec Noushin de son parcours professionnel, des difficultés qu’elle a rencontrées, et de la manière dont elle contribue à plus de diversité dans le numérique en encourageant les femmes à travailler dans l’industrie.

En termes de parité, la région Asie et Pacifique où Noushin vit et travaille a de beaux jours devant elle.

49%
des femmes


pensent que les hommes bénéficient plus rapidement de promotions dans les entreprises du numérique que leurs collègues femmes. Pendant ce temps, 50% reconnaissent que le déséquilibre hommes-femmes aurait déjà remis en question leur projet de carrière dans le numérique.

Noushin et sa soeur Negar

Quand j’étais petite, je n’étais pas dans les rêves, j’étais dans l’action

J‘ai toujours été motivée pour apprendre et essayer de nouvelles choses. J’avais la chance d’avoir des parents enseignants qui nous ont toujours encouragées ma soeur jumelle et moi dans notre passion pour l’apprentissage, et dans notre goût pour les sciences informatiques et les mathématiques. Ma soeur et moi, on s’amusait à se défier avec des problèmes mathématiques et des casse-têtes. Aujourd’hui, ma soeur a également opté pour une carrière dans le numérique, elle travaille comme chercheuse chez Microsoft. Nous sommes énormément reconnaissantes envers nos parents pour leur soutien.
Dès le cycle secondaire, j’ai eu un intérêt pour l’informatique et la programmation. Peu après, j’ai participé à des concours nationaux dans ces disciplines. À cette époque, je savais déjà que je voulais étudier l’informatique à l’université ou bien un domaine connexe. Ma soeur a toujours été mon plus grand soutien, et nous avons toujours été ensemble : à l’école, à l’université, et même lors de notre premier emploi.

Ce qui est intéressant, c’est que ma soeur et moi avons toujours tout fait en même temps. Nous avons pris les mêmes cours et résolu les mêmes problèmes. Dans le secondaire, on a commencé à s’intéresser à l’informatique et on résolvait des casse-tête de niveau avancé que les étudiants expérimentés faisaient pour leurs camarades de première année. Nous nous sommes même entrainées en assemblant des robots! Essayer de fabriquer un robot n’était pas très commun à l’époque.

Nous avons conscience que les cybercriminels peuvent cibler n’importe quel objet, de la maison connectée à la voiture autonome. Notre arme la plus puissante pour les contrer est notre curiosité. Un autre message important, c’est de ne pas se reposer sur ses lauriers : il ne faut pas se contenter de ce que l’on sait déjà faire.

Lorsque nous sommes entrées à l’Université en Iran avec ma soeur, nous avons trouvé un emploi dans une entreprise de sécurité informatique qui développait des programmes antivirus et d’autres produits de sécurité. Ma soeur était plus intéressée que moi par la programmation, donc j’ai essayé de l’aider à trouver des projets qui mettraient son talent en application. En retour, elle m’a aussi soutenue dans mes travaux. Au même moment, nous avons quitté la maison de nos parents, donc nous étions tout le temps ensemble et on passait nos week-end à travailler à la maison.

 

À mesure que nous nous sommes spécialisées dans la cybersécurité, on se poussait mutuellement à proposer des idées de diversification d’activité à nos collègues, et aussi certains projets que nous voulions lancer. On avait la chance de travailler dans une start-up où les gens étaient extrêmement ouverts à la nouveauté.

 

Mes années d’études ont été pleines d’action. Les professeurs m’ont suggéré d’aider les autres étudiants dans les matières où j’étais douée. Cela a été à la fois très stimulant et enrichissant.

 

En y repensant, je me rends compte que ces matières sont celles qui me servent le plus dans mon emploi actuel. L’informatique est un domaine très vaste. Il y a beaucoup de facettes et nous avons pu apprendre un peu de chacune d’elles. In fine, j’ai décidé de me concentrer sur la cybersécurité. J’apprécie d’être chaque jour confrontée à des situations différentes et de devoir traiter rapidement des problèmes très variés.

Dans les équipes avec une grande diversité, les gens sont plus ouverts d’esprit.

À Kaspersky, j’ai découvert une équipe internationale et multiculturelle dont je suis heureuse de faire partie. Je n’ai jamais eu de problème de ce point de vue et je pense que la diversité est un gros avantage pour un employeur. Notre équipe rassemble des gens de différentes origines, expériences et opinions. Dans les équipes avec une grande diversité, les gens sont plus ouverts d’esprit, ce qui contribue à une ambiance de travail accueillante et chaleureuse.

L’Asie et Pacifique est une des régions les plus prometteuses pour les femmes qui s’orientent vers le numérique. Au total, 76% des femmes de la région interrogées pensent que leurs compétences et leur expérience sont plus importantes que leur genre lors du processus de recrutement pour un poste dans le numérique ou la tech.

Ce qui me plaît, c’est que mon travail ne tombera jamais dans la routine.

Les cybercriminels doivent constamment changer leurs méthodes et leurs outils, ce qui me met face à de nouveaux problèmes tous les jours. Il est agréable de savoir régler un problème, mais il est tout aussi stimulant d’avoir de nouveaux défis et de pouvoir tester ses capacités. J’aime l’équilibre. Et ce qui me plaît aussi, c’est que mon travail ne tombera jamais dans la routine.
Notre industrie est celle qui progresse le plus rapidement en matière de connaissances technologiques. Des cyber-attaques ont lieu dans toutes les sphères de notre vie. Pour rester à la page et être capable de régler certains problèmes, vous devez consacrer du temps à explorer de nouvelles choses et, au fur et à mesure, les mettre en application dans votre travail.

 

Nous avons conscience que les cybercriminels peuvent attaquer n’importe quel objet, de la maison connectée à la voiture autonome. Notre arme la plus puissante pour les contrer est notre curiosité. Un autre message important, c’est de ne pas se reposer sur ses acquis : il ne faut pas se contenter de ce que l’on sait déjà faire.

 

Ma plus grande source d’inspiration est le service que nous rendons aux personnes que nous aidons. J’aime rendre la vie des gens meilleure en atténuant le stress et les dégâts causés par les cybercriminels, et aider à remettre les choses dans l’ordre.

Il est important de soutenir les autres femmes qui travaillent dans la cybersécurité.

Quand j’ai accepté le poste chez Kaspersky, je savais que j’allais rejoindre une équipe internationale et que bien sûr, il y aurait des femmes à différents niveaux de l’entreprise. Cependant, la chose qui m’a surprise est que j’étais la seule femme parmi les chercheurs en menaces de l’équipe du GReAT. Bien entendu, je savais que généralement il y a un gros déséquilibre hommes-femmes dans notre secteur mais c’est à ce moment là que j’ai pris conscience de son ampleur. Au fil du temps, plus de femmes ont rejoint notre équipe, ce qui me rend très heureuse.

 

Faire partie d’un milieu dominé par les hommes peut parfois rendre la tâche difficile pour les femmes. Prendre confiance en soi est une manière de surmonter ces difficultés. Il est important que notre industrie soutienne les nouveaux venus peu importe leur genre pour les aider à gagner en confiance. Alors qu’on ne voit toujours pas apparaître la parité femmes-hommes dans le numérique, nous devons tous comprendre que biologiquement, les cerveaux masculins et féminins sont les mêmes et qu’ils ont une capacité égale à fournir un travail intellectuel.

 

C’est pourquoi je suis contente de voir de plus en plus de femmes se lancer et travailler dans la sécurité informatique, qui est un domaine traditionnellement dominé par les hommes. Pendant ce temps, j’essaye de soutenir les associations qui encouragent les étudiantes et les diplômées à découvrir la sécurité informatique, et les aident à développer les compétences qui leur ouvriront les portes de ce domaine.

62% des personnes interrogées en Asie et Pacifique ont noté une augmentation du nombre de femmes dans les entreprises du numérique au cours des deux dernières années, contre 56% dans le monde.

Au cours des dernières années, j’ai réalisé un travail pédagogique en proposant des ateliers sur mon domaine d’expertise à des étudiants. Je me souviens avoir tenu mon premier atelier suite à une invitation du Australian Women in Security Network (AWSN), une association ayant pour but de mettre en relation, de soutenir, d’aider et d’inspirer les femmes à rejoindre le secteur de la cybersécurité en Australie. Cet atelier était une expérience géniale. J’étais ravie de revoir toutes mes étudiantes, parmi d’autres, à la conférence après mon atelier, alors qu’un an plus tôt il n’y avait eu que trois ou quatre femmes dont moi à la même conférence. C’était gratifiant pour moi de les voir assises au premier rang et prendre des notes pendant ma présentation. J’ai été extrêmement contente de savoir qu’elles envisageaient sérieusement une carrière dans la sécurité informatique.

On devrait faire présenter les métiers du numérique aux filles dans les écoles.

 

Je suis convaincue que de toute façon, nous devrions faire découvrir aux filles les opportunités du numérique beaucoup plus tôt. Il serait génial de voir émerger des programmes de sensibilisation pour les écolières intéressées par la technologie. Je pense qu’il est essentiel de parler des stéréotypes de genre assez tôt et d’encourager les filles à s’intéresser aux technologies et à l’informatique. Le premier pas dans une nouvelle direction est toujours le plus difficile à faire. Sans un environnement favorable, les filles pourraient avoir du mal à trouver des conseils éclairés sur des communautés web ou lors d’événements autour de cette thématique. Elles doivent voir que les professionnels du numérique sont des personnes comme les autres avec des compétences et des capacités diverses, et que tout le monde peut aspirer à rejoindre le monde de la tech.

 

Une répartition hommes-femmes égale dans la communauté numérique et plus globalement, dans tous les domaines reste l’objectif à long terme. Néanmoins, les changements que j’observe m’inspirent de l’admiration et un immense optimisme. Bien sûr, la pression extérieure reste intense, mais avec une communauté forte, il est possible de tenir. Être conscientes de nos désirs, de nos droits et de nos compétences est source de changement et d’amélioration.

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